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miroir mon beau mouroir

2 participants

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miroir mon beau mouroir Empty Re: miroir mon beau mouroir

Message  Admin Ven 17 Aoû - 17:32

Mon copain s'appelle Frank Pierobon. Si vous voulez suivre de visu Frank sur cette piste du regard et du rêve, ses actualités:
1. "- Cycle 4 : Une brève histoire philosophique du regard. (Frank Pierobon)" aux mardi de la philo à Bruxelles octobre à décembre
détails http://www.lesmardisdelaphilo.be/index.php?page=105&ido=4
2. Les Inattendues à Tournai 31/8 au 2/9, rencontres musiques et philosophies , avec entre autres avec Michel Serres, Luc Ferry, Heinz Wissman, Pascal Chabot et Frank
sur http://www.lesinattendues.be/fr/

son dernier livre: une analyse philosophique du film Avatar, sous le nom "Le symptôme Avatar" chez Vrin (tout petit livre, très dense, fontaine à multiples réflexions sur cinéma, rêve, représentation, etc). Une revue sur http://www.ihecs.be/news/index/index/id/185
ciao taty

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Message  Cath Ven 17 Aoû - 7:02

Ouh là. Magnifique analyse, qui en est une...
Je me demande s'il n'y a pas autant d'explications que de cures, une pour chaque profil, et personnalisée, s'il vous plait...
Mais bon, intéressant la thèse de l'impossibilité émotionnelle à se regarder, et cette propension de la société (ah l'individualisme) à vouloir se faire aimer.. par soi-même.

Cath


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Message  Admin Ven 17 Aoû - 0:13

j'ai changé de fil pour suivre thermogenèse sur un ton plus symbolique
comme indiqué dans mon dernier msg, j'ai appelé mon copain philosophe au sujet de nos contradictions sidérées
j'avaisbien peur de trahir notre longue conversation en transcrivant l'essence, mais ouf! je reçois par mail son petit résumé, vite fait sur un coin de table (imaginez quand il se concentre!)
Et voilà
je copie/colle

Taty,

Rapidos, ces quelques notes à partir de notre conversation de ce matin…

Côté physique, c'est clair: si l'on mange moins tout le temps, l'on est mince tout le temps… du moment qu'il n'y a pas de symbolique dedans, on peut, comme avec des animaux, obtenir le poids qu'on veut de qui on veut, car il est toujours possible de simplement mourir de faim.

Par contre, côté symbolique, il y a toujours déjà de la contradiction, et là dans ton message on est à la fête. C'est normal, toute notre civilisation est dans la contradiction… parce qu'elle en a besoin, tout bêtement.

Je commente…

On sait que le mental s'arrête à l'adolescence. Mon image mentale de cet âge-là, c'est un long sauret.

Par rapport à la phrase qui suit, je note "mental" ici qui est en écho de 'image mentale". Ce sont deux choses différentes. "Mental tout seul" relève de la parole, de ce que l'on se dit à soi-même, de la manière dont on réactive sa mémoire, que l'on rend présente son enfance dans l'esprit. Or tout ce qui relève de la parole dépossède, tout simplement parce qu'on n'est pas l'originateur ou le créateur de sa parole, de la langue française, qui préexiste à notre naissance. Tandis que le corps lui-même est la seule "chose", même pas une chose, ou plus qu'une chose, qui soit vraiment à soi. Donc la difficulté est pour le corps d'entrer en fusion avec d'autres corps (d'où l'obsession du sexe chez certains), et, pour l'âme, c'est de sortir de la fusion, fusion portée par la langue commune qui fait que l'on est toujours déjà traversé par des paroles déjà dites, des allitérations, des citations de paroles de chansons, des "ma mère me disait…", des "cela me rappelle une fois où…" Le corps existe toujours trop, l'âme toujours trop peu…

S'agissant de l'arrête du mental à l'adolescence, je crois qu'il s'agit là d'une image, donc un produit de l'imagination, c’est-à-dire techniquement un fantasme, qui ne correspond à rien de réel (même s'il y a des photographies disponibles de cette époque), qui permet de s'attribuer un corps verbal pour nier le corps physique que l'on est et pour pouvoir demeurer totalement dans la sphère du verbal, c’est-à-dire dans le langage courant, au niveau de "l'âme". Le corps adolescent est un corps qui entre dans la sexuation, et par conséquent dans un régime de langage qui serait très concret cette fois dans la mesure où au lieu, comme auparavant, étant enfant, on parle comme si l'on n'avait pas de corps (comme si celui-ci ne voulait rien dire, pour dire qu'il est insignifiant), à l'adolescence, le corps parle, il dit, il proclame sa sexuation, il fait langage, au lieu d'être le support neutre d'un sujet de parole. Et là ça coince… parce que le retour du corps dans le langage (le corps se mettant à vouloir dire quelque chose) est vécu comme une intrusion qui met à mal "l'âme", dont on croit, de par une fiction si répandue qu'elle est un fait de civilisation, qu'elle est la nôtre, alors qu'elle est un carrefour difficilement individuables entre des millions d'influences dont nous ne savons pas grand-chose…

D'accord, mais ma réaction sidérée est aussi de l'ordre du "j'existe".

«J'existe» peut se lire à la fois comme la constatation d'un fait physique, parce que le corps est un phénomène physique, qui est là, sous les yeux de tous, et comme une manifestation programmatique, à traduire comme « si tout se passe comme je le veux, alors j'existerai ». C'est ce qui me fait dire que tout ce texte est traversé de contradictions, qui fait que l'acceptation tout comme le refus du régime procède par pulsions hystériques d'un bout à l'autre de deux thèses incompossibles: s'accepter comme gros et se rendre acceptable comme maigre. Il y a une tendance lourde au yoyo pour accommoder les deux pôles antagonistes et incompossibles (c’est-à-dire qui ne peuvent pas être possibles en même temps) parce que la société, le "on" dont on parlera juste après ci-dessous, fonctionne comme cela, en poussant à la fois à l'austérité et à la gloutonnerie, pour des raisons à la fois évidentes et trop longues à expliquer. Toujours est-il que le "juste milieu" aristotélicien entre les deux, n'est pas géométrique, ou alors on est dans ce que j'ai appelé la connerie mégotante, c’est-à-dire la négotiation généralisée et instable où l'on veut tenir ensemble le beurre et le prix du beurre tout en s'efforçant de penser aussitôt à autre chose.

La sidération intellectuelle est à situer là, dans cette quasi impossibilité à conceptualiser autre chose que la diastole/systole de l'excès et du manque; on pourrait penser que la solution de sagesse est "quelque part au milieu", mais le milieu est une considération spatiale, géométrique, qui n'a pas cours ici. La solution, c'est l'autonomie: reconnaître d'abord qu'on est dépossédé, surtout au niveau de l'âme et que l'on est davantage pensé, au sens où l'on y est passif, que pensant au sens actif.

La vraie question se pose alors: comment conceptualiser cette autonomie, cet autos nomos (ma propre loi) si on ne l'a pas déjà? Comment savoir ce que "je" recouvre, territorialement, si je prends conscience tout d'abord que je ne suis qu'un patchwork de territoires diversement occupés par des "on dit", "il faut", "y a qu'à", etc.

C'est là où l'autonomie naturelle du corps est importante, en tant qu'organisme vivant. Je renvoie à tout ce que je t'ai rappelé au téléphone de ton parcours, Taty, où la "voix de la vie", venant du corps, est ce qui t'a guidée tout au long de ton comeback après ton Crohn. Ecouter son corps signifie se rendre de plus en plus sensible, sans prétendre tout en savoir d'emblée, à ce qui vient de son propre corps et donc cesser d'en parler comme d'un alien, comme s'il était à la fois possible et surtout désirable d'être totalement désincarné et dématérialisé en étant un pur esprit. L'avantage du pur esprit est que plus il est pur, moins il est psychorigide, univoque, assuré: en fait, il se délite en une myriade de plans changeants et finit par fonctionner comme un équivalent de corps qui, tôt ou tard (plutôt tard en ce qui me concerne), entre ou revient en phase avec le corps que l'on est et que l'on a, c’est-à-dire le vrai soi, celui d'un corps vivant ou pour dire la même chose de la vie, qui est toujours d'abord celle de son propre corps et non pas celle d'un oiseau volant au-dessus de la mer rouge ou quelque autre truc dont je ne sais et ne sens rien.

J'eu ai tant de peine à savoir qui je suis, où mon entité s'arrête par rapport à mes proches, etc. J'y suis presque à 57 ans, on dirait que mon être a investi le corps de cette recherche-là, alors que je pense foncièrement que "c'est mon âme qu'on aime, qu'ai-je à faire de cette enveloppe?" (refrain connu).

Ecouter son corps c'est aussi écouter la manière dont "ça parle" dans son propre texte. Ainsi au téléphone je me suis rendu sensible aux complexités syntaxiques qui se produisent quand quelqu'un de ta trempe veut faire vite: voulant parer au plus pressé, écrire selon un ton convenu, spontané mais aussi communiquant, plein de choses se produisent. La plupart du temps ce n'est pas son propre inconscient qui agit, mais un "on" intersubjectif, vagues formations d'inconscient sans sujet qui flottent dans l'air et que l'on capte sans savoir, ce qui n'est pas grave, mais par lesquelles on se laisse posséder à son propre insu, ce qui est plus grave.

Ainsi dans la phrase mise entre guillemets, ça compte ça: "c'est mon âme qu'on aime, qu'ai-je à faire de cette enveloppe?" (refrain connu), qui est produit comme un "on dit" à laquelle cependant tu dis "penser foncièrement", il y a la distance entre le refrain et toi qui te l'appropries, qui se trouve également dans l'énoncé, entre intériorité de l'âme et extériorité de l'enveloppe. Je note le possessif programmatique – soit il est autoréférentiel, c'est mon moi, soit il insiste sur quelque chose qui par conséquent ne va pas de soi, "mon âme à moi et à personne d'autre" – et je note en plus qu'il fait couple avec on: donc on a moi/on, et cela est très parlant, parce que la question de l'autonomie est tout entière là, entre la difficulté de dire quelque chose de probant en disant "je", "mon âme à moi" parce que l'âme est surtout de l'ordre du verbal, voire même du musical, de l'inspiration, etc., et qu'elle est donc surtout dépossession tentant de se rassembler, et que le "on" c'est la semblance généralisée que le rassembler tente de conjurer, c'est de l'autrui indéterminé, du "il y a du monde". Comme je l'ai dit un peu par jeu, la phrase authentique serait, toute contradiction étant extirpée, "c'est mon âme que j'aime – et d'ailleurs c'est tautologique, la définition de "âme" étant "aimer son âme, aimer son amour, centrer de l'amour en soi pour peut-être même rayonner à partir de là – et qu'a-t-on à faire de cette enveloppe?" enveloppe qui est dasein, qui est là pour être là, qui est ce qu'on voit de moi, et qui est donc ce qu' on voit de on quand il < on > se reflète en moi: c'est cela qu' on appelle le corps… et bien sûr je ne sais rien de qu' on sait de mon corps.

Tant que je ne suis pas confrontée (miroir pour essais couture ou interviews) je pense à mille et autres choses, ça me traverse l'esprit et puis zoup.

C'est la question du miroir: je te traduis par "tant que mon regard ne rencontre pas mon regard, à l'occasion d'un miroir, il ne se passe rien, c’est-à-dire que la dépossession est totale, il n'y a ni possédant, ni possédé, je suis pur(e) effluve onirique flottante". Or le Zoup, c'est exactement cela que j'appelle la possession, c’est-à-dire l'hétéronomie, un "quelque chose a pris possession de moi". Or ce n'est pas là une question de poids, de kilos en trop, que je jugerais appartenir à l'hétéronomie – et je dirais: "reprenez ces kilos qui ne sont pas de moi et que vous avez apposés sur moi, vous qui êtes indifférenciés en un on dématérialisé, un "qu'en dira-t-on" –, c'est une question d'autonomie. Et là, l'autonomie ne peut jamais être narcissique, en passer par un miroir: attester de soi-même par soi-même, même si un certain Lacan en a fait le "stade du miroir", c'est si l'on en croit les Grecs anciens, la mort de narcisse, qui se mire et s'admire dans l'eau et finit par y tomber. Cela signifie que l'on ne peut être aimé que par autrui, qu'il est donc structurellement impossible de s'aimer soi-même. Or tous les régimes d'aujourd’hui ont comme centre invisible ce "aimer soi-même" qui bien souvent passe, pour se rendre possible, par le fantasme d'une image de soi comme "sauret", comme ado chez les anorexiques (qui souffrent de vivre cruellement l'impossibilité de se voir, en se l'attribuant comme un péché ou une souillure).

Donc on se résume: parce que l'auto-vision est une impossibilité émotionnelle – c'est là où vraiment on voit un corps totalement désymbolisé -, la tendance est de vouloir esthétiser ce corps, le rendre beau pour le rendre acceptable. Or ça n'a pas de fin, cela, just ask Marylin Monroe… il ne sera jamais assez beau pour que l'on puisse se voir avec le regard de quelqu'un d'autre (donc éloigné) mais qui vous aimerait intensément (donc infiniment rapproché ). Ordinairement, on se surveille du coin de l'œil et cela suffit et l'on se repaie de la menue monnaie des commentaires complaisants "oh mais tu as fondu, dis-moi, comment fais-tu…" etc.

Bizz (je ne sais pas si je peux donner son nom, omis par sécurité)


Dernière édition par Admin le Ven 17 Aoû - 7:13, édité 1 fois

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